Autonomie alimentaire, autonomie fourragère, autonomie en compléments
Qu'est-ce que l'autonomie ?
L’autonomie alimentaire c’est la capacité d’un élevage à produire les ressources alimentaires nécessaires pour assurer la productivité de ses animaux. Le niveau d’autonomie alimentaire (%) se définit comme la part des aliments autoproduits (c’est à dire produits sur l’exploitation) dans la quantité totale d’aliments consommés (qu’ils soient autoproduits ou achetés). La notion d’aliments reprend les fourrages, les compléments (concentrés et coproduits) et les minéraux.
L’autonomie peut se décliner sous différentes formes :
- On parlera d’autonomie fourragère lorsque l’on tient compte uniquement de la part de fourrages autoproduits dans la quantité totale de fourrages consommés ;
- On parlera d’autonomie en compléments lorsque l’on tient compte uniquement de la part de compléments et de minéraux autoproduits dans la quantité totale de compléments et de minéraux consommés. ;
- On parlera d’autonomie alimentaire lorsque l’on tient compte de l’ensemble des aliments autoproduits (fourrages, compléments et minéraux) dans la quantité totale d’aliments consommés.
L’autonomie peut aussi se calculer selon différentes unités :
- On parlera d’autonomie massique lorsque les quantités d’aliments sont exprimées en kg de matière sèche ;
- On parlera d’autonomie protéique lorsque l’on prend en compte la teneur en protéines des aliments ;
- On parlera d’autonomie en énergie lorsque l’on prend en compte la teneur en énergie des aliments.
Généralement l’autonomie se calcule à l’échelle de l’atelier ou de l’exploitation. Toutefois une échelle plus large permet de calculer une autonomie locale mettant en avant la valorisation des productions locales.
Définition d’un fourrage : plante entière, ou partie de plante autre que les grains qui n’a pas subi de transformation industrielle, qui peut entrer dans l’alimentation des herbivores, que ce soit sous forme pâturée ou récoltée. (Adaptée de Forage and Grazing Terminology Committee (1991) Terminology for Grazing Lands and Grazing Animals. Pocahontas Press, Blacksburg, Virginia’ par un panel d’experts wallons en 2018)
Intérêts et limites pour l’agriculteur
En améliorant son autonomie alimentaire, l’éleveur cherche à :
- Mieux maitriser et réduire les coûts de production en particulier le poste « achats d’aliments » qui représente le principal poste dans les élevages ;
- Diminuer sa dépendance vis-à-vis de facteurs extérieurs et en particulier la fluctuation des prix des aliments ;
- Améliorer la qualité et la traçabilité de ses produits ;
- Limiter les importations et donc diminuer l’impact environnemental lié aux achats d’aliments.
Toutefois, atteindre 100% d’autonomie ne doit pas nécessairement être une finalité pour l’éleveur. Certains facteurs peu ou non maîtrisables par l’éleveur tels que le contexte pédoclimatique (sol, pluviométrie, température, altitude…) déterminant les potentiels de rendements et les possibilités de cultures (herbe, céréales, cultures fourragères), ainsi que les éléments structurels de l’exploitation (accessibilité des parcelles, topographie…) sont en effet peu ou non maîtrisables par l'éleveur. C’est aussi le cas des conditions climatiques de la campagne fourragère, facteur important de variation des niveaux d’autonomie des exploitations d’une année sur l’autre. D’autre part, tant d’un point de vue économique que pour limiter les émissions par kilo de produit, l’apport de quantités modérées d’aliments issus de l’extérieur présente souvent un intérêt.
Caractériser l’autonomie d’une exploitation implique tout d’abord d’identifier l’unité à laquelle on la relativise. L’autonomie implique une notion de degré, qui varie de 0 à 100%. Rares sont les exploitations entièrement autonomes. Elle est de ce fait différente de la notion d’indépendance car l’exploitant reste libre de choisir ses propres dépendances. L’autonomie est donc aussi différente de l’autarcie car elle implique des interactions avec le milieu environnant.
L’autonomie peut s’envisager à différentes échelles et ne pas se limiter aux portes de l’exploitation. L’échange paille-fumier par exemple permet d’assurer une autonomie à plusieurs exploitants. L’échelle peut également être étendue à un territoire, une région déterminée.
En pratique, les exploitations bovines sont hautement autonomes en fourrages et peu autonomes en concentrés.
Comment sont calculées les autonomies dans DECiDE ?
Dans DECiDE, l’autonomie alimentaire et les autonomies fourragères et en compléments sont calculées sur base des quantités d’aliments produites et achetées encodées dans l’outil. Elles sont calculées à l’échelle de l’exploitation en prenant en compte les aliments de tous les ateliers d’élevage et à l’échelle de chaque atelier en ne prenant en compte que les aliments distribués aux animaux de l’atelier considéré.
\[\text{Autonomie alimentaire} = {\text{Quantite d'aliments produits} \over \text{Quantite d'aliments produits ou achetes}} {\times\text{100}}\]
\[\text{Autonomie fourragere} = {\text{Quantite de fourrages produits} \over \text{Quantite de fourrages produits ou achetes}} {\times\text{100}}\]
\[\text{Autonomie en complements} = {\text{Quantite de complements et de mineraux produits} \over \text{Quantite de complements et de mineraux produits et achetes}} {\times\text{100}}\]
Sont considérés comme des fourrages dans DECiDE : l’herbe sous toutes ses formes (pâturée, ensilée, enrubannée, foin), l’ensilage de maïs, les céréales immatures, les pailles et fanes.
Sont considérés comme compléments : les semi-concentrés (coproduits et betteraves fourragères) et les concentrés (tourteaux, céréales et protéagineux sous forme de grains, concentrés du commerce…)
Quelques chiffres
En Wallonie, les exploitations agricoles ont généralement des niveaux d’autonomie massique élevés en termes d’autonomie fourragère et faibles en termes d’autonomie en compléments
On retrouve cette tendance au sein des fermes de référence de DECiDE puisqu’en moyenne, leurs niveaux d’autonomie massiques sont les suivants (en % MS) :
|
Nombre |
Autonomie alimentaire |
Autonomie fourragère |
Autonomie en compléments |
À l’échelle de l’exploitation |
176 |
77.4 |
92.6 |
12.5 |
À l’échelle de l'atelier bovins lait |
101 |
72.6 |
91.8 |
13.3 |
À l’échelle de l'atelier bovins viande |
103 |
84.2 |
94.1 |
14.0 |
Leviers d’actions
Pour augmenter son autonomie, l’éleveur peut jouer sur différents leviers :
- Optimiser le pâturage (type de pâturage adapté : tournant, dynamique... – organisation du parcellaire – adaptation du chargement à la pousse de l’herbe - bonne gestion des entrées et sorties de parcelles - implantation de légumineuses - adaptation de la complémentation en prairie...)
- Améliorer la production de fourrages en quantité et en qualité (optimiser le stade de récolte de l’herbe - réfléchir le choix des mélanges en relation avec les conditions pédoclimatiques - implantation d’intercultures valorisables par le bétail - production de fourrages variés assurant un équilibre entre la production de protéines et d’énergie fourragères...)
- Produire des compléments sur son exploitation (céréales, protéagineux, méteil...) ainsi que valoriser des coproduits locaux
- Améliorer la gestion de son troupeau (optimisation de l’alimentation pour limiter le gaspillage, meilleure adéquation de la ration au potentiel de production des animaux, adaptation de la taille du troupeau aux surfaces disponibles, limiter les phases improductives des animaux...)
Pour en savoir plus :